vendredi 28 avril 2017

Pour 500 rials d'or ; la fortune de Ch'ha

Sonia Koskas
Editions L'harmattan
EAN : 9782343109350

sorti en février 2017
68 pages


Merci aux éditions L'Harmattan pour ce livre.

En lisant ces contes, vous rencontrerez une jeune et belle boulangère qui épouse un prince, un prince fils de cordonnier, un mendiant qui donne des leçons au Sultan, des pauvres qui ne le sont plus grâce à leur sagacité et leur imagination... Vous rencontrerez aussi Ch'ha, le fou-sage, cousin de Nasredine. Pauvreté, fortune, amour, humour, merveilleux tissent ce recueil de contes judéo-arabes.

Mon avis : Ce livre contient plusieurs courts contes tunisiens, ne connaissant qu'en surface cette culture, il m' a beaucoup intéressée. Il est très facile d'accès grâce à une écriture simple, mais je ne pense pas qu'il soit vraiment destiné aux enfants ; certains mots arabes, même si ils sont expliqués en bas de page, leur sont sûrement inconnus ainsi que leurs concepts et la morale de certains contes m'a laissée plutôt dubitative... Encore une fois, je ne connais pas cette culture donc j'ai peut-être mal compris les sous-entendus que le livre donnait. 
Le personnage de Ch'ha, qui est très mis en avant dans ce livre, m'a laissée perplexe : il est plutôt naïf, pas particulièrement intelligent à mon sens, et obsédé par l'argent. Ses "aventures" sont comiques, souvent absurdes, elles font plutôt sourire mais manquaient d'une retombée morale selon moi, par exemple il vole de pauvres marchands mais n'est pas vraiment puni de ses actes. Le livre contient peu des aventures de ce sage-fou très connu au Moyen-Orient, et je pense donc que ce ne sont pas les plus représentatives de sa personnalité facétieuse et de la philosophie que ses histoires véhiculent. J'ai par contre beaucoup apprécié les autres contes, toujours plein d'humour et de générosité. Ce sont des petites histoires, très courtes, qui finissent bien pour les personnages que l'on suit et qui mettent en avant leur imagination, leur foi et leur ténacité. Ses personnages sont rusés, ou bien ignorent ce qu'il leur arrive, et c'est un délice de suivre ces petites tranches de vies qu'ils nous offrent, tout en ayant un point de vue élargi par rapport au leur ce qui rend la situation d'autant plus comique, comme c'est le cas dans l'histoire de Yonatann et de Zoubeïda.

De petits contes qui font voyager, à la naïveté enfantine et à l'humour acéré.




"Parmi les pauvres gens, il n'y avait pas Ch'ha, il y avait tous ceux de la 'Hara, le quartier le plus pauvre de Tunis. Il y vivait là un petit juif, si pauvre et ignoré que l'histoire n'en a pas retenu le nom."
La devise du Sultan

dimanche 23 avril 2017

La bibliothèque des existences

Thomas Gerbaud
Librinova

sorti le 2 mars 2017
263 pages


Merci à Thomas Gerbaud et à Livraddict pour cette découverte !

Alors qu'il rentre d'un long exil à l'étranger, Thibault Saintes, romancier à succès, va retrouver deux pages écornées qui décrivent dans les moindres détails les dernières vingt-quatre heures de sa vie. Cette découverte va le lancer dans une enquête sur les traces du passé et du vieux libraire qui fut jadis son mentor. Au même moment, un homme se réveille au beau milieu d'une clairière, sans aucun souvenir. Il va découvrir que, dans le monde où il est tombé, chacun possède un Livre Poussière, un ouvrage relatant sa vie de la naissance à la mort, entreposé entre les murs de la Bibliothèque des Existences et qu'il n'est pas arrivé ici par hasard.

Mon avis : Dès la lecture de la quatrième de couverture, je savais que ce livre me plairait, et je n'ait pas été déçue du voyage...
L'intrigue suit une certaine forme géométrique, que vous allez devoir deviner dans les énigmes de ce livre, et pour cette raison je ne vous la donnerait pas ! Mais en bref, on a deux histoires en parallèle : la première se déroule à Paris où Thibault Saintes, écrivain de son état, revient pour une semaine. En retournant dans la librairie où il a passé une partie de son adolescence, il fouille dans sa cache secrète et tombe sur deux pages qui semblent bien anciennes mais dont le texte raconte en détails ses dernières vingt-quatre heures ; qui il a vu dans la rue, de quelle couleur était la chemise de son chauffeur de taxi... Et ainsi commence un jeu de piste, où Thibault devra résoudre une série d'énigmes. D'un autre côté, nous suivons un homme qui s'est réveillé dans un monde fantastique, qui ne se rappelle ni qui il est ni pourquoi il est ici. Et bien sûr, il n'a aucune idée de la façon dont les choses se passent dans cet univers. Cet homme, grâce à ses rencontres, va en apprendre plus sur le monde dans lequel il a atterri et surtout va apprendre l'existence des Livre Poussière, des livres qui décrivent toute la vie d'un homme, de sa naissance à sa mort. Ces livres ne sont accessibles que par des Archivistes, seuls à être capable de les déchiffrer correctement, mais leur système très organisé est menacé par des éléments rebelles, ces Imparfaits sont donc pourchassés, et notre pauvre inconnu avec eux.
Je ne peux malheureusement pas en dire beaucoup plus sur l'intrigue car elle fonctionne vraiment comme une grande énigme : on a quelques indices, et quand on arrive au dénouement une grande partie de l'histoire se résout d'elle-même. L'autre partie, je l'ai prise personnellement comme une "fin" ouverte (plutôt qu'une fin, il s'agit d'une explication... mais ça marche bien aussi !) et je me suis imaginée la naissance de cet univers fantastique.

J'ai été très impressionnée par l'écriture de Thomas Gerbaud. Elle est plutôt simple, va a l'essentiel, et en même temps est terriblement poétique. On dévore ses lignes plus qu'on ne les lit, d'autant plus qu'avec son intrigue originale il nous plonge dans un  jeu d'énigme oulipien où je me suis personnellement perdue. Il réussit à nous tenir en haleine, jouant sur le suspense : quand Thibault et Lunelle trouvent la solution à une énigme, ils la gardent pour eux, et il nous faut attendre d'avoir fini le chapitre sur l'"inconnu" puis l'interlude où on suit un Archiviste pour avoir accès à la réponse. Ça pourrait paraître long, mais finalement il y a tellement d'éléments passionnants dans chacune de ces parties qu'on ne peut juste jamais détacher ses yeux de ce livre ! Tout le roman se déroule ainsi, comme un jeu, pour finalement arriver à la fin, à la réponse à toutes les questions (ou presque). Je ne parlerais pas du dénouement, je veux que vous le découvriez par vous-même, voici seulement ce que j'en est pensé : étonnant, bouleversant, magnifique.


Un roman sur le pouvoir de l'imagination et le sens de la vie. A mettre entre toutes les mains !





"Le livre en lui-même n'avait rien d'extraordinaire, mais lorsqu'il l'avait feuilleté, deux pages s'en étaient détachées, glissant en un froissement jusque sous une table un peu plus loin."
La bibliothèque des existences

Alice au pays des merveilles

Lewis Carroll, Benjamin Lacombe
Editions Soleil
EAN : 9782302048478

sorti le 16 décembre 2015
294 pages


Alice s'ennuie auprès de sa sœur qui lit un livre ("sans images, ni dialogues") tandis qu'elle ne fait rien. "À quoi bon un livre sans images, ni dialogues ?", se demanda Alice. Mais voilà qu'un lapin blanc aux yeux roses vêtu d'une redingote avec une montre à gousset à y ranger passe près d'elle en courant. Cela ne l'étonne pas le moins du monde. Pourtant, lorsqu'elle le voit sortir une montre de sa poche et s'écrier : "Je suis en retard ! En retard ! En retard !", elle se dit que décidément ce lapin a quelque chose de spécial. En entrant derrière lui dans son terrier, elle fait une chute presque interminable qui l'emmène dans un monde aux antipodes du sien. Elle va rencontrer une galerie de personnages retors et se trouver confrontée au paradoxe, à l'absurde et au bizarre...

Mon avis : Ce livre d'Alice aux pays des merveilles est très intéressant au-delà du roman et des illustrations de Benjamin Lacombe. En annexes, le lecteur peut lire les correspondances de Carroll avec ses "amies-enfant" ainsi que voir des photographies qu'il a prises de certaines de ces petites filles dont Alice Lindell. Cela permet d'avoir un aperçu de ses relations à ces jeunes filles, et dans le cas de ses correspondances avec Alice Lindell, de connaître l'histoire de son célèbre roman. Le deuxième point d'annexe qui m'a intéressée était celui des jeux de langages : la traduction ne peut jamais redonner toutes les subtilités de la langues originale, soit que le mot n'existe pas en français ou que le résultat soit trop lourd pour être gardé dans son intégralité. Henri Parisot est le premier traducteur d'Alice, et nous explique qu'il a essayé de reprendre les jeux de mots carrolliens en les rapprochant des expressions françaises pour que ce soit naturel. J'ai beaucoup aimé ce choix car dans la plupart des versions d'Alice, ces jeux de mots sont traduits littéralement ce qui rend le texte étrange, comme mal formulé.
Etant donné que j'ai déjà donné mon avis sur le texte du roman dans Alice's Adventures in Wonderland, je ne reviendrai pas dessus mais je parlerai seulement des illustrations de Benjamin Lacombe et de ce qu'elle apportent au texte. Tout d'abord, on retrouve bien son style si particulier : des visages bien ronds et de gros yeux, ce qui donne un côté très enfantin à ces personnages, très doux aussi. Cependant, la combinaison de ces éléments avec les couleurs pâles que portent Alice, le maquillage accentuant la blancheur de son teint, lui donne un côté très inquiétant, presque morbide comme si elle était malade. Ces tons clairs sont opposés aux tons criards, aux couleurs très vives du pays des merveilles, ce qui donne au décor un effet irréel. Et ce décor est bien le premier personnage de l'histoire : dans toutes ses illustrations, il prend le plus de place, il accroche le regard, Alice est minuscule à côté de lui... Ainsi, j'ai beaucoup aimé ce livre car j'ai l'impression qu'au fond Benjamin Lacombe a eu la même lecture d'Alice que moi, et que ça transparaît dans ses images. Le pays des merveilles n'est pas seulement un endroit merveilleux, il a une puissance qui domine tout et la logique qui y règne est éprouvante. Il y règne une atmosphère très inquiétante, qui est souvent mise de côté dans les adaptations d'Alice pour la jeunesse alors qu'à mon sens c'est une partie indispensable de ce lieu. De même, Alice ne comprend rien à ce qui s'y passe autour d'elle car elle est dans un entre-deux, entre fillette et femme, elle tente de comprendre avec un regard d'un enfant, ce qui la perd dans ce monde autant que ça perd le lecteur, car finalement ce qu'elle voit est la logique complexe de l'adulte, qui se rapproche souvent du non-sens pour une petite fille comme elle l'est.
Le dernier point, (rapide) que je voudrais aborder est la mise en page, en particulier au début du livre. Lorsque Alice grandit, l'illustration sort du livre, il faut déplier la page pour avoir accès à toute l'image, alors que quand sa taille diminue, la typographie réduit elle aussi. J'ai beaucoup aimé cette tension entre le texte et l'image, la façon dont chacun renvoyait des informations complémentaires au lecteur, et pour moi c'est un livre très réussi.

"Les deux Alice ne sont pas des livres pour enfants mais plutôt les seuls livres pour lesquels nous devenons enfants." Virginia Woolf

dimanche 16 avril 2017

Le vent les a ôtés

Marcel Séguier
La compagnie littéraire
EAN : 9782876834521
sorti en 2014
158 pages



Merci aux éditions La compagnie littéraire et à Livraddict pour cette découverte !

Le titre est emprunté au poème de Rutebeuf. Marcel Séguier est, pour le principal, romancier. Mais dans ces récits s'apparentant à des nouvelles, les héros sont bien réels, qui font pour pour la plupart partie de l'histoire littéraire. L'auteur y fait participer son lecteur à des moments significatifs par de petites anecdotes. On y fait des rencontres, toutes inédites car personnelles. Ce mot de "rencontres", il a tenu à ce qu'il paraisse en sous-titre de cet ouvrage inspiré par la fidélité, la gratitude, une amitié émue qu'a ravivé le souvenir. On est mis dans une confidence dont les échos murmurent encore dans l'esprit et le cœur du témoin. Mais une surprise attend sur la fin le lecteur. Voici qu'à côté des êtres prennent place et prennent leur part d'âme des "choses inanimées", selon le vœu du poète. C'est, se substituant au prestigieux escalier de marbre blanc qu'il gravit, celui "de service" que l'enfant empruntait avec sa maman femme de ménage. Près d'accéder au salon d'apparat où il sera reçu par le président du Sénat de la République, le vieil enfant marque une pase. En cet instant il sait très fort qu'il est le fils des Jacques, et, par-delà les générations, celui de Pierril l'aïeul qui se louait de ferme en ferme à la saison. Il peut continuer son ascension, "le joueur de flûte n'a pas trahi" ainsi que le chante Brassens.

Mon avis : Dans cet essai, Marcel Séguier revient sur les rencontres qui ont marqué sa vie d'écrivain, que ces hommes l'aient encouragé dans la voie littéraire ou bien qu'il se les remémore pour leur côté profondément humain. Chacun d'eux a une particularité qui lui est propre et qui lui vaut le respect et l'admiration de l'écrivain, raison pour laquelle il les immortalise dans ce texte. L'oubli et le souvenir en sont vraiment les deux thèmes principaux, et par sa démarche il me rappelle les extraits de Vies minuscules de Pierre Michon que j'avaient lus : tout deux cherchent à contrecarrer l'oubli de personnes extraordinaires, pas forcément dans leurs vies mais dans les souvenirs qu'elles ont laissés aux deux auteurs. La principale différence que je vois entre ces deux livres est le choix des personnes en elles-mêmes : quand Marcel Séguier met à l'honneur des écrivains et professeurs l'ayant guidé dans sa vie d'écrivain, Pierre Michon met en valeur de petites gens, des campagnards, qui l'ont marqué dans sa vie personnelle. Ce n'est bien sûr qu'une interprétation de ma part, mais pour moi cet auteur est aussi mis à l'honneur par la similarité de leurs textes.
Le vent les a ôtés ne suit pas une chronologie linéaire, on suit l'auteur au gré de ses souvenirs, passant d'une année à une autre selon la personne mise à l'honneur dans son chapitre, voire sautant de longues périodes pour revenir finalement en arrière dans un même chapitre comme celui sur Claude Simon. Cette spontanéité dans la narration s'ajoute à la sincérité avec laquelle Marcel Séguier narre ces amitiés, ce qui rend ce texte extrêmement émouvant.
L'écriture est fleurie et poétique , "alambiquée" certains diraient comme le disait son ami Claude Simon, mais un délice pour les yeux et les oreilles. Il faut bien sûr apprécier son originalité, les références littéraires ainsi que le jeu sur les mots, en tant que typographe, amoureux de la langue française, Marcel Séguier a extrêmement travaillé sur la langue, les métaphores, la musicalité de ses phrases. Pour ces différentes raisons, je pense que ce livre pourrait paraître long à certains lecteurs, mais je l'ai personnellement dévoré et je pense lire des romans de cet auteur car son style m'a vraiment plu !

Un essai mêlant émotion et musicalité pour sauver de l'oubli des personnes extraordinaires.



"A toi, l'ami, le camarade, le copain, je dois un grand merci que ces pages, vivant, fidèle souvenir, ont voulu exprimer."
Le vent les a ôtés

jeudi 13 avril 2017

Tu ne perds rien pour attendre

Janis Otsiemi
Plon
EAN : 9782259249546

sorti le 16 mars 2017
227 pages
langue française


Merci à Netgalley et aux éditions Plon pour ce livre !

Flic à Libreville, Jean-Marc a perdu sa mère et sa sœur dans un accident de la circulation alors qu'il avait douze ans. Le chauffard, fils d'un ministre, n'a jamais été poursuivi. Jean-Marc est entré dans la police à cause de ce drame. Pour se venger, se faire justice lui-même, condamner à sa manière ce meurtrier. Mais, fatigué des magouilles de ses collègues de la PJ et des crimes, viols et disparitions quotidiens, il a demandé à être muté à la Sûreté urbaine de Libreville. Un service pas plus reluisant, mais où il a le temps de préparer une vengeance qui le fait tenir au quotidien. Chaque soir, il s'arrête devant la villa du chauffard en attendant le jour où il fondra sur lui comme un prédateur. Mais pour le moment, tel un Dexter à la mode gabonaise, il nettoie les rues de Libreville des voyous, violeurs, politiciens véreux et génocidaires rwandais qui y sont planqués...

Mon avis : J'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre, Janis Ostiemi se répète énormément, son personnage Jean-Marc doit raconter au moins trois fois l'intrigue sur ces 227 pages, à différentes personnes, et finalement l'intrigue policière n'avance absolument pas. L'élément déclencheur m'a semblé mal mis en valeur, on n'y croit pas du tout alors que c'est un point qu'on revoit tout au long du roman, et je pense vraiment que le problème vient de l'écriture : classique mais qui manque de puissance. L'aventure ne commence vraiment qu'au dernier quart du livre, c'est lent et fade. De même, j'ai trouvé les personnages assez désagréables : tous les hommes sont machistes, passent leur temps à boire et, même si le motif de la vengeance pouvait en faire un personnage complexe, le personnage de Jean-Marc était creux, vraiment inintéressant car il n'amène aucune tension cohérente. J'ai vraiment été déçue par ce livre, mais je pense quand même en lire d'autres de cet auteur en espérant que ce livre-ci n'était qu'une erreur de parcours.

Un polar divertissant .

"Les deux policiers traversèrent la cour sans échanger un mot. Jean-Marc rompit le silence devant sa voiture. Après le témoignage de Georgette, chacun d'eux essayait de se faire une idée de ce qui avait bien pu arriver à Svetlana."
Tu ne perds rien pour attendre

samedi 8 avril 2017

L'affaire Baskerville 1 : Une étude en Soie

Emma Jane Holloway
Bragelonne
EAN : 9782820519719

sorti le 20 février 2015
ebook
langue française


En ce début d'avril 1888, la jeune Evelina Cooper se prépare à la saison londonienne, événement incontournable pour les jeunes ladies et qui décidera de leur avenir. Mais en ce début d'avril, son passé la rattrape : un meurtre a eu lieu dans la maison de son amie Imogen, et en tant que nièce du célèbre Sherlock Holmes elle se doit de mener l'enquête. Dans un contexte politique difficile pour les aristocrates, elle est la seule à pouvoir protéger la famille Roth des conséquences d'une telle affaire, d'autant plus que la magie n'y est pas étrangère et qu'il est guère recommandable que ce détail arrive aux oreilles des barons de la vapeur...

Mon avis : Comme beaucoup de lecteurs je pense, j'ai été attirée vers ce livre par sa référence à Sherlock Holmes, et c'est sûrement la seule critique négative que je peux faire sur ce livre...
L'univers de L'affaire Baskerville est très intéressant : on se trouve dans le Londres victorien, ville partagée en quartiers dominés par les barons de la vapeurs. Ces personnages appartiennent à la petite bourgeoisie et contrôlent toutes les technologies de la ville, ils sont par ce biais au pouvoir, ce qui ne plaît pas à tous les aristocrates. Le contexte politique est ainsi très précis et plutôt complexe, et on suit des personnages de différents statuts sociaux, ce qui rend le récit passionnant pour tous ces enjeux. L'héroïne, Evelina Cooper, est un personnage remarquablement bien construit ; orpheline d'une mère bourgeoise reniée par sa famille et d'un père élevé au sein d'un cirque mais tentant de s'élever dans la société, Emma Jane Holloway a réussi à bien transcrire cet entre-deux dans lequel se trouve Evelina, ne désirant pas renier son passé mais désirant une vie différente. Ce trait est appuyé par le fait que cette jeune femme est passionnée de mécanique, héritage de son grand-père paternel, tout en restant très féminine. Il faut en plus ajouter à cela qu'elle pratique la magie, ce qui la rend d'autant plus aventurière, et qui est problématique dans cette société puisque la magie est redoutée par les barons de la vapeur qui y voient une manière de leur enlever le pouvoir qu'ils ont acquis. Tous les personnages présents dans ce livre ont une histoire, un caractère complexe et de l'affection qui les rendent profondément humains, malgré les nombreuses manipulations qui rythment le livre. Même moi qui suis plutôt hermétique à la romance, le triangle amoureux entre Evelina, Nick le lanceur de couteaux et Tobias Roth le bel aristocrate rebelle m'a plu ; ces personnages ont une réelle profondeur, et leurs histoires sont utiles à l'intrigue. Le seul personnage ne répondant pas à ces caractéristiques est le docteur Magnus, qui est irrémédiablement noir et j'ai trouvé cela dommage qu'il n'y ait d'autres raisons pour son comportement que la folie et l'ambition.
L'écriture de Emma Jane Holloway est classique mais nous entraîne dans son univers très rapidement. La plupart des chapitres débutent par un article de journal relatant les événements ayant eu lieu précédemment, ce qui aide à se mettre à la place des personnages et à vivre pleinement l'histoire. J'ai beaucoup aimé qu'elle se moque de certains de ses personnages et qu'elle fasse des références aux romans de Conan Doyle. Cependant, ces deux univers sont très différents et je n'ai pas retrouvé Sherlock Holmes et Watson, utiliser leurs noms dans ce roman est incohérent. C'est dommage car ce ne sont, finalement, pas des personnages importants, que l'oncle soit Holmes ou un personnage inventé ne change rien à l'intrigue, il aurait mieux valu ne pas utiliser ces noms car ça risque de décevoir les fans de Sherlock Holmes alors que ce roman est vraiment superbe. Pour cette raison, ce n'est pas un coup de cœur pour moi, mais Holloway a réussi tout le reste et je ne peux que le recommander !

Un remarquable roman mêlant magie et policier avec un univers steampunk passionnant.



"L'honneur est l'excuse qu'invoquent ceux qui ne supportent pas d'affronter leur propre faiblesse."
Une étude en soie

samedi 1 avril 2017

Bilan de mars

Ce mois-ci, je suis plutôt satisfaite de mes lectures : mis à part les deux dernières qui m'ont laissée un peu mitigée, ça a été de super découvertes ! J'ai pu lire des genre très différents, des styles très différents, et j'adore ça !
Je suis aussi contente pour les "petits nouveaux", sur cette longue liste je n'en ai acheté qu'un, le reste étant des services de presses ou des livres disponibles gratuitement. Maintenant, il faut juste que j'arrive à ne pas les laisser trop longtemps dans ma PàL ! xD

En cours
Une étude en soie de Emma Jane Holloway

Livres lus
La triste fin du petit enfant huître et autres histoires de Tim Burton
Un palais de papier de Françoise Hamel
Là-bas, c'est toujours loin de Corine Koch
L'installation de la peur de Rui Zink
Damoclès de Fatou Ndong
Défaite des maîtres et possesseurs de Vincent Message
Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift
Le principe du désir de Saïdeh Pakravan
Le destin du touriste de Rui Zink
L'île aux trente cercueils de Maurice Leblanc

Bilan des challenges
2741 pages lues
10 livres
dont 3 de la PAL 2016

Les petits nouveaux
Pour 500 rials d'or, la fortune de Ch'ha de Sonia Koskas
Tu ne perds rien pour attendre de Janis Ostiemi
Le vent les a ôtés de Marc Séguier
Là-bas, c'est toujours loin de Corine Koch
Little America de Henry Bromell
Les pleurs du vent de Shun Medoruma
Premières neiges sur Pondichéry de Hubert Haddad
Un palais de papier de Françoise Hamel
Les Hauts de Hurlevent de Emily Brontë
Guerre et Paix, tomes I et II, de Léon Tolstoï
Damoclès de Fatou Ndong
Le principe du désir de Saïdeh Pakravan
L'installation de la peur de Rui Zink