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vendredi 18 août 2017

Une histoire trop française

Fabrice Pliskin

Fayard

EAN : 9782213705071

sort le 23 août 2017
350 pages




Merci aux éditions Fayard et à Netgalley !

PDG d’une entreprise exemplaire où les employés sont heureux, Jean Jodelle est un patron prospère et offensif. Un million de femmes dans le monde porte les implants mammaires que fabrique sa société. Critique littéraire au chômage, Louis Glomot est assez pessimiste quant à son avenir professionnel. Louis et Jean se sont bien connus au lycée. Ils partageaient un même amour de la littérature que Jean cultive en envoyant chaque matin à ses cent vingt salariés un poème de La Fontaine ou de Rimbaud. Lorsque les deux anciens condisciples se recroisent par hasard au Jardin des Plantes, Louis ne peut s’empêcher d’y voir une opportunité inespérée. Louis se retrouve à travailler pour Jean. Mais qu’est-ce qu’un ex-critique littéraire pourrait bien faire dans une entreprise qui produit cent mille implants mammaires par an ? Sinon découvrir derrière la façade humaniste – hauts salaires, horaires souples, congé maternité de 28 semaines et crèche d’entreprise… – une réalité sordide qui va déclencher le scandale mondial des prothèses Jodelle.

Mon avis : Dans Une histoire trop française, on se retrouve au beau milieu d'une escroquerie industrielle. Producteurs de prothèses mammaires non homologuées, dangereuses pour leurs clientes, les salariés de Jodelle Implants sont accablés par la culpabilité mais pas au point de mettre en péril une société où leurs avantages sociaux sont tellement au-dessus de la norme... Alors, sous couvert d'humanisme, l'hypocrisie et l'égocentrisme sont en terrain conquis. Et lorsque Louis arrive dans l'entreprise, il n'est pas tellement différent des autres. La même envie de changer ce système lui reste dans la tête mais sans que ce "grand bien" ne franchisse la barrière de son égoïsme ; comme les autres, il a une famille à faire vivre, et deux pensions alimentaires à verser ça coûte cher ! Louis n'est pas un personnage auquel on s'identifie, il est plutôt le "loser" auquel on ne veut absolument pas ressembler.
Ainsi, Fabrice Pliskin nous dépeint une société individualiste et tous les maux qui la tourmente : racisme, insécurité de l'emploi, atonie des organismes de contrôle... Traité avec beaucoup d'ironie et des scènes cocasses, ce livre n'en est pas moins un sujet brûlant à ne pas lire avec légèreté. Même si il ne faut pas le prendre au premier degré, l'affaire principale reprend le scandale des prothèses mammaires PIP et je ne suis pas sûre que le ton utilisé plaise aux milliers de femmes victimes de cette escroquerie...

Une histoire dramatique menée avec humour.





"Solidarité dans la faute, solidarité dans la fraude."
Une histoire trop française

jeudi 30 mars 2017

Un palais de papier

Françoise Hamel
Fayard
EAN : 9782213686790

sorti le 15 mars 2017
352 pages
langue française


Merci aux éditions Fayard et à Netgalley pour ce livre.

Lorsqu'Espérance de Kerzo quitte sa Bretagne natale pour la capitale, les caisses du Royaume de France sont désespérément vides et Louis XIV a accumulé une dette colossale. Déjà. Puis le Roi-Soleil s'éteint, mais l'ardoise reste.
Cependant tout Paris bruisse du nom d'un aventurier d'origine écossaise : John Law. Car cet homme a un plan, qui aura bientôt la faveur du Régent : remplacer la monnaie métallique par des billets de papier.
Fascinée, Espérance de Kerzo entre au service de celui dont on espère qu'il sauvera le pays de la faillite. Et c'est de l'intérieur, en observatrice privilégiée, qu'elle raconte les grandes innovations et les petites manigances de cette entreprise.
Pourtant, cette jeune fille fougueuse et libre, lectrice avide aussi bien de Montaigne que du Code paysan des premiers Bonnets rouges, a toujours rêvé de liberté - et jamais de finance. Les sentiments que lui inspire le troublant John Law seraient-ils à l'origine de cette contradiction ?

Mon avis : Un palais de papier relate les événements se déroulant entre 1715 et 1720, une période de l'Histoire française peu connue dans ses détails. On va y suivre Kerzo, une jeune femme venue à Paris et découvrir à travers son regard la vie mondaine, les complots et les mœurs de cette époque.
Espérance de Kerzo est une "petite gens", passionnée de littérature, de philosophie, extrêmement humaine, généreuse et rêvant d'égalité et de justice. Grâce à ses connaissances en lettres, elle va progressivement s'intégrer dans les salons et côtoyer de grands noms tels que Montesquieu, Marivaux ou encore Voltaire. Mais elle va surtout être repérée par John Law qui lui demandera de l'assister dans la tâche qu'il s'est fixée : rétablir la stabilité économique dans le royaume.
Ce livre me semblait intéressant pour l'affaire financière qu'il raconte, et le nom de John Law ne m'étant pas tout à fait inconnu (pour ceux qui comprennent l'anglais et qui seraient intéressés par cette affaire, je vous recommande les vidéos d'Extra Credits "The History of Paper Money") j'étais vraiment impatiente de le lire. L'écriture est poétique, pleine de métaphores, dont celle du lys de mer qui me semble bien représenter Kerzo. Le style de Françoise Hamel veut rappeler celui de l'époque donc le langage est un peu vieux mais reste tout à fait compréhensible. Les personnages sont profonds, bien dépeints et complexes. Ils ont chacun leur propre caractère, ce qui amène de la diversité dans le texte, et on suit pas à pas leur évolution ce qui doit donner envie de savoir comment cette aventure finit pour chacun d'eux, et en particulier pour les quatre principaux. J'ai en particulier aimé celui de La Teignouze, prêtre nomade breton, révolté et philosophe, qui ne cache pas ses idéaux, mais qui reste lucide quant aux comportements du peuple et à l'incapacité de ses alliances politiques. De même, l'intrigue est intéressante sans être lourde, et si l'amour est présent le caractère libre et féministe de Kerzo le ramène toujours au deuxième, voire au troisième plan, bien après la littérature, la morale et la politique. Pourtant, je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire, peut-être parce que je ne comprends absolument rien à la finance et que ça m'a rebutée inconsciemment, parce que je n'ai pas compris comment fonctionnait le système de Law... Je serai bien incapable d'expliquer pourquoi mais ce livre m'a semblé interminable. Les faits racontés sont intéressants, j'avais hâte de lire la multitude d'anecdotes historiques mais contre toute attente, je n'ai pas réussi à m'attacher à la majorité des personnages. J'ai lu ce livre "de loin".

Un bon roman historique sur la crise financière et le contexte politique du XVIIIème siècle.




"Faites comme le lys de mer, sur l'île de Houat : en cas de menace extérieure, il s'enfonce seul dans le sable et il n'en ressort qu'après avoir retrouvé sa tranquillité"
Un palais de papier

mercredi 4 janvier 2017

Matinées au café Rostand

Ismaïl Kadaré
Fayard
EAN : 9782213685168

sorti le 18 janvier 2017
langue française


Merci aux éditions Fayard et à Netgalley pour cette découverte !

Résumé : Dans ce recueil de textes inédits, Ismail Kadaré, qui partage son temps entre l'Albanie et la France, commence par décrire sa première arrivée à Paris, au début des années 1970, alors qu'il est encore recouvert des miasmes du régime qui l'a laissé sortir quelques jours.
La Ville lumière lui apparaît alors comme dans un songe. Cette "liaison", selon ses propres mots, va durer quatre décennies et perdure. Ce furent d'abord vingt années pendant lesquelles il vécut sous la chape communiste, puis vingt autres qu'il qualifie d'intemporelles. Années où l'écrivain, tous les matins, et encore aujourd'hui, a posé ses notes et son stylo sur une table du café Rostand, face au jardin du Luxembourg, puisant dans ce rituel le moyen d'évoquer tour à tour Tirana, Moscou, l'Académie française, Macbeth, le prix Nobel, mais aussi ses compagnons de jeunesse dans une Albanie muselée et les figures littéraires qui surgissent au gré de ses promenades dans Paris.
Refuge de l'écrivain et, pour lui, lieu d'inspiration, le café, véritable fil conducteur de ces courts-récits, lui permet de livrer ici le ferment d'une vie d'écriture.

Mon avis : Je ne connaissais pas Ismaïl Kadaré avant de lire Matinées au café Rostand, j'ai maintenant l'impression de le connaître comme on connaîtrait un de ses proches. Les sujets dont il parle sont nombreux, souvent rattachés à son pays natal, l'Albanie, et on ressent à travers son écriture toute l'importance qu'ils ont pour lui. La plupart de ces thèmes touchent la politique, il nous décrit, entre autre, avec des phrases simples, courtes et pleines d'humour, la vie en Albanie sous un régime sévère. La chronologie dans ce livre n'est pas linéaire et deux styles de textes différents s'en dégagent. On trouve des passages autobiographiques dans lesquels on le suit à Paris, à Moscou, à Tirana, et où on rencontre ses amis. Ce sont des passages touchants, mais aussi instructifs : on comprend ses difficultés par rapport à la censure albanaise, au Parti, ainsi que les tensions qui se sont naturellement installées entre le gouvernement albanais et lui à cause de ses voyages à Paris. D'autre part, on a des passages plus explicatifs, surtout historiques, sur la place de la femme en Albanie par exemple ou la guerre entre la Grèce et les pays d'Italie et d'Albanie. Kadaré analyse aussi des poèmes albanais ; l'art, dans toutes ses formes, a une grande place dans ces textes et est étroitement lié à la politique.
J'ai trouvé ce livre très intéressant, je ne connaissais pas bien l'Albanie et le lire m'a permis de faire un grand nombre de découvertes. Le style de Kadaré est agréable, simple avec beaucoup d'humour et de références, et sa vie est intéressante, on a toujours envie d'en savoir plus, cependant j'ai décroché pendant certains passages explicatifs, n'étant pas captivée par le sujet. Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié ma lecture et je pense que je lirai d'autres œuvres de cet auteur.

Un recueil passionnant et engagé, avec cependant des passages plus faciles à lire que d'autres.




"Longtemps ce roman-là était resté ignoré de tous. C'était une oeuvre sans lecteur, et il en fut ainsi un bon bout de temps, jusqu'au jour où, après mon retour en Albanie, je le confiai à mon meilleur ami, d. Siliqi"
Matinées au café Rostand