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dimanche 9 juillet 2017

Breakfast at Tiffany's

Truman Capote
Penguin Books
EAN : 9780141182797
sorti en 2000
160 pages


Holly Golightly adore traîner chez Tiffany, parce que tout y est beau. Holly au pas léger, gracile comme un songe, comme une Audrey Hepburn moulée dans une robe noire devenue légendaire, traverse l'existence telle un chat qui, n'ayant pas de nom  s'en invente un.
De son passé de Lulamae, il lui reste pourtant quelque chose de plus profond que la frivolité qu'elle affiche avec impertinence, une absence de lest qui conduit à une existence de courants d'air.
Jusqu'au jour où, des années après la disparition de la gosse, une photo vient raviver le souvenir de sa voix rauque et de sa silhouette de vent dans la mémoire du narrateur, qui lui fournira un hommage littéraire en guise de racines.

Mon avis : Ce livre comprend quatre nouvelles dont le point commun sont des personnages aux vies difficiles racontées avec beaucoup de tendresse et de sensibilité.
La première nouvelle, qui donne son titre au recueil, raconte la vie de la jeune Holly Golightly à travers les souvenirs qu'en a le narrateur. C'est la nouvelle que j'ai préférée car Truman Capote a vraiment réussi à faire un personnage d'une force surprenante pour un nombre de pages si court : foncièrement indépendante, un peu folle, elle a un tempérament de feu, peu courant pour son époque, et croque la vie à pleines dents. Mais au-delà de cette facette se cache une jeune femme profondément blessée et extrêmement fragile.
La deuxième nouvelle, "House of flowers", narre le coup de foudre puis l'union d'une jolie prostituée avec un homme venu des montagnes. Elle sacrifie la vie facile qu'elle avait en ville pour vivre son amour et son rêve malgré toutes les peines que cela impose.
Dans "A diamond guitar", on suit l'amitié de deux prisonniers, un vieil homme condamné à quatre-vingt-dix-neuf ans et un jour de prison et un jeune délinquant plein d'imagination qui décide de les faire s'évader.
"A Christmas memory" est la deuxième nouvelle qui m'a le plus touchée. Une vieille femme et un enfant sont liés d'une forte amitié, et malgré leur séparation forcée, les souvenirs de Noël et de leur tendre complicité ne seront jamais oubliés.
Si les personnages sont de caractères différents dans ces quatre textes, ils jouent tous d'un attrait, d'un charme irrésistibles, renforcés par la vision poétique et subtile qu'en donne Truman Capote. Ils mènent leurs vies comme ils l'entendent, la tête remplie de rêves qu'ils partagent sans le vouloir avec ceux qui les approchent.

Des nouvelles superbes, pleines de nostalgie et de lumière.




"I don't want to own anything until I find a place where me and things go together."
Breakfast at Tiffany's

vendredi 26 mai 2017

Vies minuscules

Pierre Michon
Folio
EAN : 9782070401185

sorti le 26 novembre 1996
248 pages


Huit vies. Huit noms, à peine écrits en titre des chapitres, déjà tombés en désuétude. Pierre Michon pénètre les vies de ses ancêtres, anodines, infimes, parcellaires : minuscules. Malgré ou à cause de l'insuffisance des existences, l'écrivain défriche, le temps de l'écriture, ces vains terrains vagues qu'envahissent à nouveau les mauvaises herbes de l'insipide dès la plume reposée.

Mon avis : A l'aide de ses souvenirs, Pierre Michon nous raconte l'Ecriture. Chaque personne qu'il nous présente ici nous rapproche de lui, de celui qu'il a été, de celui qu'il a pensé être. On le suit enfant traînant dans les jupes de sa mère à écrivain depuis toujours oublié par l'Inspiration. Dans Vies minuscules, finalement on découvre un auteur en même temps que les protagonistes de ses récits, dur avec ses proches et pourtant émouvant, homme entouré mais seul, obsédé par la mort et ses anges.
Les images font le charme de ce livre, mais l'écriture précieuse, dense, de Pierre Michon peut aussi bien être un frein à la lecture. On ne peut pas dire que son style n'est pas recherché ; la métaphysique cède la place à l'argot provençal, les mots chantent et montrent des époques révolues, mais les pages d'une phrase (et j'exagère à peine !) peuvent rendre certains moments très longs... L'autre risque en lisant ce livre est de se perdre dans l'écriture si particulière de Pierre Michon, pour la beauté de ses mots, et d'en oublier le sens. 

Un livre touchant, sur l'écriture, la vie et ses rescapés.




"Le sel des heures se dilue, et dans l'agonie du passé qui commence, l'avenir se lève et aussitôt se met à courir."
Vies minuscules

lundi 23 janvier 2017

On se passerait bien du temps

Franz Griers
auto-édition (Iggybook)
EAN : 9782363155146

sorti en janvier 2016
129 pages
langue française


Merci à Franz Griers et à Livraddict pour ce livre.

Résumé : Ce livre entre tes mains délicates est un recueil de trente-sept nouvelles courtes qui parlent de ce qui nous détruit et de ce qui nous exalte, avec de l'érotisme, de l'humour noir et de la mélancolie. Tout ce que tu aimes. Si j'étais toi, je le lirais.

Mon avis : J'ai toujours aimé les nouvelles, ce livre m'a donc beaucoup attiré. Dans son résumé, Franz Griers parle directement au lecteur, l'écriture est dynamique, il m'a vraiment donné envie de le lire. D'autant plus qu'avec son titre, je m'attendais à un peu de poésie...
Ce livre regroupe donc trente-sept nouvelles, d'une à quatre pages maximum. Il se lit vraiment très vite. Ces petites histoires se passent dans un univers réaliste, avec des lieux plutôt communs comme un immeuble, un aéroport ou bien un café. Ce sont des anecdotes qui tournent autour de la vie quotidienne, des sentiments ou de scènes que je décrirais comme des fantasmes : ces dernières sont peu probables même si elles ne sont pas décrites comme imaginaires. Je les ait trouvées incohérentes et elles m'ont fait décrocher du livre, même si je n'était pas déjà beaucoup entrée dans cet univers plutôt particulier.
Bon, pour le coup, la poésie était complètement absente. Par contre, le résumé a tenu ses promesses ; humour noir, érotisme, mélancolie, dynamisme, tout se mélangeait dans l'écriture. Elle est plutôt crue et Franz Griers apostrophe énormément le lecteur, de manière assez agressive d'ailleurs. Cela donne du rythme mais m'a personnellement mise très mal à l'aise ; il crée un lien avec le lecteur, le rendant complice de ses récits, je me sentais "voyeuse" sans en avoir envie. Pour le reste, son écriture change au fil du livre, les premières nouvelles sont écrites avec des mots compliqués et des tournures plus familières ce qui donne un résultat assez étrange. En général, c'est un style plutôt simple, qui semble à la portée de n'importe qui.
Les nouvelles ont chacune des sujets différents, mais le style reste le même de l'une à l'autre, deux d'entre elles avaient même une fin similaire. J'aurai aimé avoir un peu plus de changement, lire un récit puis de l'épistolaire par exemple. De même, si je dois convenir que l'érotisme comme l'humour noir étaient bien présents, j'aurai préféré qu'on ne les trouve pas dans chaque récits, ce qui aurait évité un peu de lourdeur et rendu le livre beaucoup plus intéressant à mon sens.

Un livre plutôt inégal, avec de bonnes idées mais pas assez travaillé à mon goût. Il se lit vite mais est loin de marquer les esprits.




"Les vrais amis se comptent sur les doigts d'une main dans la gueule."
On se passerait bien du temps

samedi 31 décembre 2016

La fleur rouge

Vsevolod Garchine
L'Arbre vengeur
EAN : 9791091504027

sorti le 10 juillet 2013
langue française
46 pages


Résumé : Les fous ont beaucoup à dire aux hommes qui les jugent et s'en débarrassent, impuissants. Celui qui débarque dans cet asile russe découvre que le Mal absolu a pris les atours de trois fleurs de pavots rouges et il n'aura de cesse, au péril d'une vie qu'il est prêt à sacrifier, de les arracher.

Mon avis : Dans cette nouvelle de 1885, et dès la première ligne, Garchine nous plonge dans la folie d'un homme, un sujet qu'il connaît bien en ayant été lui-même la victime.
Son écriture lyrique et précise, haletante, donne un attrait inquiétant à son texte sans qu'aucune des actions ne le justifie réellement, lui conférant ainsi une puissance incroyable qui captive le lecteur. 
Le fou déborde d'humanité, il est attachant dans ses questions existentielles, dans la destinée qu'il se crée pour donner un sens à sa présence en ce lieu. Il se voit comme un élu, l'homme qui doit sauver le monde du Mal absolu représenté par trois petites fleurs dans le jardin de l'hôpital. Mais sa mission, primordiale, est toujours entravée par les médecins, au cœur dur, qui apportent une certaine violence à ce texte. 
Ainsi, trois points de vue sont mis en valeur dans ces 50 pages : le regard du fou, émouvant, celui des médecins, froid et distant, et celui du narrateur, cynique, ce qui confère à cet hôpital une atmosphère étrange et inquiétante qui est d'autant plus visible que ce lieu contraste avec la beauté de ces trois fleurs qui exacerbent la folie du personnage.
Finalement, Garchine nous pousse à réfléchir sur la folie, l'isolement, la façon dont ces personnes sont perçues et traitées par la société.

Une oeuvre sombre et sensible.




"Son état d'esprit était un curieux mélange de jugements corrects et d'absurdités."
La fleur rouge                 

dimanche 18 décembre 2016

La tombe des lucioles

Akiyuki Nosaka
Editions Philippe Picquier
EAN : 9782809710564

sorti le 6 janvier 2015
langue française
144 pages


COUP DE CŒUR !

Résumé : Japon, été 1945. Après le bombardement de Kobe, Seita, un adolescent de quatorze ans et sa petite sœur de quatre, Setsuko, orphelins, vont s'installer chez leur tante à quelques dizaines de kilomètres de chez eux. Celle-ci leur fait comprendre qu'ils sont une gêne pour la famille et doivent mériter leur riz quotidien. Seita décide de partir avec sa petite sœur. Ils se réfugient dans une grotte en pleine campagne, mais bientôt la nourriture commence cruellement à manquer.

Mon avis : Ce livre m'a beaucoup surprise. D'abord, je ne savais pas qu'il y avait deux nouvelles (le fait qu'il y ait deux traducteurs aurait pourtant dû me mettre sur la voie...), et puis, je ne m'attendais pas du tout à une telle écriture ! Les phrases sont longues, certaines font la moitié d'une page, avec des digressions, des changements de narrateurs, et où le vulgaire côtoie le classique... Je l'ai trouvé plutôt dur à lire à cause de ça, mais j'en garde un très bon souvenir.
La nouvelle La tombe des lucioles, qui narre la vie de deux enfants pendant les bombardements américains, était très émouvante. Elle est à l'origine du film, aujourd'hui très connu, "Le tombeau des lucioles" mais le vocabulaire, très visuel, utilisé par Nosaka enlève le côté poétique du film, j'ai eu l'impression de lire une histoire totalement différente ! Le texte est très sombre, avec les lucioles pour seules lueurs, seul espoir, dans un Japon en guerre, très réaliste. Nosaka ayant perdu sa mère et sa sœur durant la guerre, connaître son passé me l'a rendue d'autant plus touchante que j'y voyait là une sorte de regret, une culpabilité d'avoir survécu sans les siens, dont il rend compte avec la mort de son alter-ego.
J'ai tout de même préféré la seconde nouvelle, Les Algues d'Amérique, car elle déborde de cynisme. La femme de Toshio, le personnage principal, invite chez eux un couple d'Américains qu'elle a rencontré pendant ses vacances à Hawaï et avec qui elle est restée en contact. Le lecteur va alors progresser dans un Japon schizophrène, perdu entre l'amour de sa patrie et l'admiration pour l'Occident, entre le passé et le présent. Cette nouvelle est provocante autant par sa vision des Etats-Unis que du Japon. Elle aussi prend son sens dans le contexte de la Seconde guerre mondiale, et est beaucoup moins axée sur les sentiments personnels, même si c'est par ce biais que Nosaka nous fait part de ce dilemme. On découvre plutôt une critique de la société japonaise qui se "vassalise" aux Etats-Unis, couplée de la rancœur de ceux ayant vécu la guerre et qui gardent une image de l'Américain arrogant et, surtout, ennemi. Malgré tout, on sent bien que l'objectif n'est pas de diaboliser les changements de mentalité et que Nosaka comprend même si il lui est difficile d'accepter.

Un même thème pour deux ressentis différents ; une lecture avec le cœur, et l'autre avec la tête.




"c'étaient des scintillements de lucioles juchées chacune au bout d'une feuille, il suffisait de tendre la main pour faire monter les petites lumières le long des doigts, "Regarde ! Essaie de la prendre !", il en fit tomber une sur la paume de Setsuko, mais elle ferma si fort son poing qu'elle l'écrasa"
La tombe des lucioles

dimanche 2 octobre 2016

Le Citron

Kajii Motojirô
Editions Philippe Picquier
EAN : 9782809709940

sorti le 7 mars 2014
langue française
125 pages


COUP DE CŒUR !

Résumé : "Pour tout dire, j'aime les citrons. J'aime leur couleur pure, comme celle de la peinture." Il y a une connivence immédiate entre Kajii et les choses. Regarder est pour lui "la seule manière vivante de vivre". Caresses, Sous les cerisiers, Le Citron... : l'écriture est d'abord sensorielle et la notation des sensations les plus fines, des moindres scintillements des objets animés et contemplés, nous convie à de nouvelles correspondances, à un rêverie dispensatrice d'émotion et de réconfort. Savon, crayons, bruit d'eau dans la forêt, grenouilles ou citron, les traces minuscules de la vie quotidienne révèlent leur beauté, leur monde secret à celui qui, les regardant de façon désintéressée, les nomme pour elles-même.

Mon avis : Pour bien comprendre ce recueil de nouvelles qu'est Le Citron, il est indispensable d'avoir quelques informations sur son auteur. Kajii Motojirô est né en 1901 et est atteint de tuberculose en 1917, la maladie, dont il mourra en 1932, va influencer sa vision du monde et de la vie. Ces aspects se retrouvent dans son recueil.
Composé de huit nouvelles, de longueurs inégales, l'originalité de ce petit livre réside dans cette vision de la vie à laquelle il nous invite. D'une écriture poétique, très axée sur les sens, Kajii nous emporte dans les corps de malades, se débattant entre des périodes lugubres d'ennui et de dépression et des instants de bonheur inattendus. Le livre ne contient pas vraiment d'action, il met en avant les sentiments, les sensations, grâce à des objets du quotidien et un style splendide, qui me rappelle par moment celui de Baudelaire. Le lecteur se retrouve dans une atmosphère de bulle, les sens exacerbés, à ressentir toutes ces émotions provoquées par la maladie, avec une intensité et une poésie que seul Kajii Motojirô pouvait nous offrir. Une histoire de partage et d'émotions.

En bref, un livre à vivre plutôt qu'à lire.




"Sous les cerisiers sont enterrés des cadavres ! Il faut s'en persuader. Sinon, n'est-il pas incroyable que les cerisiers fleurissent si splendidement ?"
Le Citron

samedi 24 septembre 2016

Exercices de style

Raymond Queneau
Editions Gallimard

sorti en 1979
langue française
160 pages



Résumé : Le narrateur rencontre, dans un autobus, un jeune homme au long cou, coiffé d'un chapeau orné d'une tresse au lieu de ruban. Le jeune homme échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s'asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur rencontre le même jeune homme en grande conversation avec un ami qui lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus. Cette brève histoire est racontée quatre-vingt-dix-neuf fois, de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes.


Mon avis : Un autobus bondé, un homme au physique et à l'accoutrement ridicule, une dispute puis une réapparition dûe au hasard... en somme, une histoire pour le moins banale. Cependant, Raymond Queneau nous prouve avec ce petit bijou littéraire qu'un scénario ne suffit pas à faire un bon livre. Grâce à ces nombreuses variations, je me suis rendue compte à quel point le style employé dans un texte compte ; il donne du sens, une certaine atmosphère, il va influencer nos impressions...
Co-fondateur de l'Oulipo, association qui réfléchit à la notion de "contrainte" et encourage ainsi la créativité, on retrouve dans cet essai de Raymond Queneau cet aspect, qui le rend assez étrange par moment. Certaines figures de styles sont exagérées, absurdes, d'autres rendent le texte illisible, le tout est un petit ouvrage curieux, marrant, que j'ai beaucoup apprécié et dont je ne me suis pas lassée ne serait-ce qu'une seconde (et pourtant, c'est bien la chose à craindre avec un essai de ce genre !) : de nombreuses figures de styles jouant sur les mots, déchiffrer ces textes m'a beaucoup amusée !

En bref, un énorme travail littéraire, des découvertes à chaque page, un livre audacieux et qui permet au lecteur de se rendre compte de toute la richesse de la langue française.

lundi 15 août 2016

Chants du cauchemar et de la nuit

Thomas Ligotti
Dystopia Workshop
EAN : 9791091146135

sorti le 20 octobre 2014
langue française
241 pages


Résumé : Ce recueil regroupe onze nouvelles de Thomas Ligotti. Son style, mélangeant horreur et fantastique, se rapproche de ceux de Poe et de Lovecraft qui l'ont beaucoup inspiré. Bien que très célèbre dans les pays anglo-saxons, il aura fallu attendre 2014 pour qu'un premier recueil de ses nouvelles sorte en France.

Mon avis : Malgré des thèmes similaires, ces onze nouvelles sont très différentes les unes des autres ; on trouve tous les points de vues narratifs (externes, omniscients, internes), l'épistolaire côtoie le récit ainsi que bien d'autres genres. Je trouve cette diversité de textes très intéressante car elle offre un rapport complètement différent au lecteur pour chacune des nouvelles et qu'elle permet en plus d'avoir une vision globale du travail de Thomas Ligotti.
En ce qui concerne l'écriture de Thomas Ligotti, elle est très détaillée, tout en restant raffinée, avec beaucoup de descriptions relatives aux sens, cependant elle n'est pas aisée. Je pense que c'est cette combinaison d'éléments qui réussit à créer une certaine atmosphère tout au long du livre, que ça soit un malaise pendant quelques unes des nouvelles ou une impression de sortie brutale d'un cocon protecteur qui nous berçait jusque là de douces illusions. Cependant, malgré toute la richesse narrative et les idées originales de Thomas Ligotti, j'ai trouvé la fin de certaines nouvelles décevantes, avec une impression de manque.

En bref, onze nouvelles choquantes, grâce à une plume redoutable par son originalité et sa technique et une philosophie à la fois réaliste et pessimiste dans laquelle la vie est inutile et dénuée de sens.





"Il avait pourtant, dans certains livres, découvert des passages qui se rapprochaient de cet idéal, suggérant au lecteur que les pages qu'il avait sous les yeux allaient lui proposer une vision venue du gouffre et jeter une lueur hésitante sur de lugubres hallucinations."
Vastarien

dimanche 26 juin 2016

Dojoji et autres nouvelles

Yukio Mishima
Folio
EAN : 9782070422104

sorti le 2 janvier 2002
langue française
127 pages


Résumé : De l'univers des geishas aux rites sacrificiels des samouraïs, de la cérémonie du thé à la boutique d'un antiquaire, Mishima explore toutes les facettes d'un Japon mythique, entre légende et tradition. D'une nouvelle à l'autre, les situations tendrement ironiques côtoient les drames les plus tragiques : que ce soit la jolie danseuse qui remet du rouge à lèvres après avoir renoncé à se défigurer avec de l'acide en souvenir de son amant, Masako, désespérée, qui voit son rêve le plus cher lui échapper, ou l'épouse qui se saisit du poignard avec lequel son mari vient de se transpercer la gorge...
Quelques textes étonnants pour découvrir toute la diversité et l'originalité du grand écrivain japonais.

Mon avis : Yukio Mishima nous offre son point de vue sur le Japon de son époque. On retrouve dans ses nouvelles et sa pièce de théâtre, Dojoji, des valeurs japonaises traditionnelles, menacées dans ce Japon moderne (ces textes ont été publiés au Japon dans les années 1950-60). Mishima apporte à ses lecteurs l'étiquette et l'éthique de l'honneur comme les valeurs les plus importantes qu'il soit, cependant ses personnages, ainsi que leurs superstitions et leurs principes sévères, semblent appartenir à un passé révolu. La curiosité nous pousse à lire la suite, certains passages sont touchants, même marquants, cependant l'écriture de Mishima, pourtant subtile et poétique, amplifie la distanciation que l'on peut ressentir face à ce Japon, déjà radicalement différent de ce que nous connaissons en Occident.

En bref, des histoires étonnantes qui se lisent vite mais sans vraiment nous faire vibrer. Des textes qui nous font ressentir l'idéal de son auteur et découvrir un Japon pas si lointain mais dont le lecteur se sent exclu...




"Je m'étais rendu compte que même une abominable douleur - telle que je l'avais subie - jalousie, colère, inquiétude - ne suffisait pas à changer un visage humain."
Dojoji