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samedi 16 septembre 2017

Le sympathisant

Viet Thanh Nguyen
Belfond
EAN : 9782714475657
sorti le 17 août 2017
483 pages



Merci aux éditions Belfond et à Netgalley.


Au Vietnam et en Californie, de 1975 à 1980 

Avril 1975, Saïgon est en plein chaos. À l'abri d'une villa, entre deux whiskies, un général de l'armée du Sud Vietnam et son capitaine dressent la liste de ceux à qui ils vont délivrer le plus précieux des sésames : une place dans les derniers avions qui décollent encore de la ville. 
Mais ce que le général ignore, c'est que son capitaine est un agent double au service des communistes. Arrivé en Californie, tandis que le général et ses compatriotes exilés tentent de recréer un petit bout de Vietnam sous le soleil de L.A., notre homme observe et rend des comptes dans des lettres codées à son meilleur ami resté au pays. Dans ce microcosme où chacun soupçonne l'autre, notre homme lutte pour ne pas dévoiler sa véritable identité, parfois au prix de décisions aux conséquences dramatiques. Et face à cette femme dont il pourrait bien être amoureux, sa loyauté vacille… 

Mon avis : Le sympathisant se présente comme une tragédie grecque moderne sous la forme d'une confession. D'un ton pathétique (dans le sens littéral), cocasse au début, le récit tourne rapidement vers quelque chose de plus noir, débordant d'amertume. 
Le narrateur, dont on ne connaîtra jamais le nom, est un homme tiraillé en deux dans toutes ses caractéristiques. Fils d'une vietnamienne et d'un occidental, il est rejeté par les deux pays dans lesquels il va vivre. Agent double, capitaine d'une faction anti-communiste, il espionne pour le compte des vietcong. Soldat révolutionnaire, il est hanté par les morts des (plus ou moins) innocents dont il est à l'origine. Cette dualité se retrouve jusque dans ses amitiés, ses deux meilleurs amis avec qui il a fait un pacte de sang dans sa jeunesse, parmi les rares personnages à avoir un nom, sont les extrêmes opposés idéologiques ; Bon, le bon soldat sud-vietnamien qui effectue les ordres sans se poser de questions, poussé par la vengeance, Man l'intellectuel révolutionnaire, son supérieur direct dans la hiérarchie communiste.
Certains passages du roman sont l'occasion pour Viet Thanh Nguyen de critiquer les Etats-Unis. Celui sur le Film reprend ouvertement Apocalypse Now de Francis Ford Coppola et montre un tout autre visage de l'American way of life, beaucoup moins souriant. Vers la fin du récit, il nous rappelle les méthodes d'interrogatoire de la CIA, tous les moyens sont permis pour arriver à son but, n'est-ce pas ? C'est au final ce que dénonce ce livre avec tous ses personnages, la plupart sont sympathiques et pleins de bonnes intentions, mais dépassés par leurs croyances idéologiques ils se transforment ou bourreaux ou en victimes.

Un premier roman étonnant.



"Je suis un espion, une taupe, un agent secret, un homme au visage double."
Le sympathisant

jeudi 9 mars 2017

Le principe du désir

Saïdeh Pakravan
Belfond
EAN : 9782714470942

sorti le 2 mars 2017
426 pages
langue française


Merci aux éditions Belfond et à Netgalley pour cette découverte.

Sarah Bly, artiste new-yorkaise en pleine ascension dans le marché de l'art contemporain, rencontre un homme exceptionnel et immensément charismatique, Thaddeus Clark. Non seulement est-il un collectionneur de renommée internationale, un mécène et un géant des marchés financiers mais c'est aussi un être profondément équilibré et adorant la vie. Un homme heureux dont Sarah s'éprend de toute son âme mais avec qui elle ne veut pas vivre une banale histoire d'amour. Pour parer à ce risque, elle fait sien le Principe du désir :  puisque nous voulons tous ce que nous n'avons pas, jamais Clark ne verra d'elle autre chose qu'une tiédeur amicale et plutôt indifférente, sauf dans leur vie sexuelle d'une rare intensité. Devant la poursuivre sans cesse, il continuera à l'aimer.

Dans l'état second qui devient le sien, saura-t-elle dépasser sa folie passagère pour arriver à vivre avec Thaddeus ?

Mon avis : Le principe du désir a éveillé ma curiosité, raison pour laquelle je l'ai lu alors que généralement ce genre m'agace. Je partais donc avec un à-priori, sans compter que pour m'accrocher il faut que je sois prise dans le livre dès les premières lignes. Ça n'a pas été le cas ici. Le début m'a paru classique, sans originalité, que ce soit au niveau de l'intrigue ou de l'écriture, et la plupart des personnages étant présentés dans les premières pages, je me suis sentie un peu noyée sous le flux d'informations. Sans compter que ceux qui y sont présentés, Sarah en premier lieu, m'ont plutôt déplue. Je l'ai trouvée désagréable, avec ses proches pas forcément le personnage en lui-même, trop indécise, ce qui crée des étincelles avec son tempérament bouillonnant. Les autres, mis à part Thaddeus qui a un rôle capital, me paraissaient plutôt inutiles, et j'avais surtout l'impression que tout allait trop vite.
Et pourtant ! Malgré quelques longueurs, j'ai vite été emportée par le torrent de sentiments de Sarah. Sortant de relations malheureuses, elle ne veut pas perdre Thaddeus et décide donc de ne jamais lui montrer ce qu'elle ressent pour lui, pour qu'il la désire toujours plus. Cependant, elle va rapidement se retrouver emprisonnée dans sa stratégie, consciente du mal qu'elle fait subir à leur couple mais incapable de dire la vérité. La tension entre eux se développe progressivement au fil de leur relation. Et c'est là que je me suis rendue compte à quel point je m'étais faite de fausses idées. Les personnages mentionnés plus tôt montrent la détresse dans laquelle elle s'est refermée, seuls deux d'entre eux connaissent la situation et tentent de l'aider, et finalement c'est grâce à ces personnes que le lecteur se rend compte de tous les changements qui ont été opérés. Grâce à la puissance de son écriture, Saïdeh Pakravan nous emplie de peine pour ses personnages, Thaddeus simple et dévorant la vie qui finalement s'isole à cause de ses doutes et Sarah qui est déchirée en deux entre l'envie de montrer ce qu'elle ressent et la peur de tout perdre en le faisant. J'ai vraiment été surprise par cette lecture qui, sans être un coup de cœur, a réussi à me toucher.

Une romance poignante sur fond d'art, montrant la complexité des sentiments humains.



"C'est quand nous ne pouvons pas avoir quelque chose que nous nous y intéressons vraiment. C'est pareil pour les gens. Nous les voulons quand nous ne les avons pas. On peut appeler ça le principe du désir."
Le principe du désir

dimanche 5 février 2017

Rouge Eden

Pierre J.B. Benichou
Belfond
EAN : 9782714474759

sorti le 2 février 2017
416 pages
langue française

Merci à Belfond et Netgalley pour cette découverte !

3 janvier 1991. Will Birdy, violeur et tueur en série condamné à la peine de mort, vit ses derniers instants en compagnie d'un pasteur.
Plusieurs années auparavant, à des milliers de kilomètres, le professeur Bogaïevsky, physicien quantique reconnu, est arrêté par erreur et envoyé au goulag.
Quel lien unit ces deux vies que tout semble opposer ?

Mon avis : Ce thriller m'a vraiment surprise. C'est le récit de plusieurs vies, à des époques différentes, dans des lieux différents. Celle de Willam Birdy, coupable d'une centaine de crimes sur des jeunes femmes, être abject et tourmenté inspiré du tueur en série Ted Bundy. Celle de Timofey Bogaïevsky, spécialiste en physique quantique en contact avec les plus éminents scientifiques, et de sa famille.
La majorité du roman narre le parcours de la famille Bogaïevsky, l'horreur vécue par les déclassés du régime communiste et la peur constante des fugitifs. Ça ne m'a pas dérangée car c'est la partie qui m'a le plus intéressée et le plus émue. Elle est très cohérente, on sent que Benichou a fait un important travail de recherches à la fois sur la physique quantique et sur les événement de 1933. Le passage sur "l'île de la mort" était vraiment horrible, il nous plonge dans cet enfer qu'on a a plutôt l'habitude de voir de loin...
J'ai trouvé les personnages de ce récit très attachants, en particulier Izaak qui pour moi est une ode à la vie, qui redonne un peu de joie dans ce contexte morbide. J'étais plus méfiante en ce qui concerne Birdy. Il nous est présenté comme quelqu'un d'assez manipulateur et de très tourmenté, j'avais donc du mal à vraiment croire tout ce qu'il racontait. Je le vois comme un homme qui tue pour échapper à la mort, représentée par l'image de cette femme qui apparaît continuellement dans sa tête. Ces images n'ont aucun lien direct avec sa propre vie, hormis peut-être la chambre bleue, et même si une explication est sous-entendue dans le texte, j'ai eu du mal à y croire. Ça change radicalement du réalisme présent tout au long du livre et ressemble plus au délire d'un fou...

Une plongée historique dans l'URSS de Staline. Un roman captivant et un dénouement imprévisible. Un véritable choc émotionnel. L'enfer est sur terre.




"Vous savez, professeur, ce n'est pas un hasard si nous nous retrouvons côte à côte dans ce train... Les vies sont les seules parallèles qui finissent par se croiser."
Rouge Eden